Saint Louis, les exempla

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Les exempla

Le 13ème siècle aime les histoires comme il est avide d’apprendre. L’Église qui le sait, remet à ses prédicateurs des recueils d’anecdotes édifiantes appelées exempla. L’exemplum médiéval est une histoire courte qui vise à convaincre un auditoire par une leçon salutaire. C’est un artifice rhétorique, une anecdote destinée à faire passer une leçon.

L’idée de cette série, les exempla de Saint Louis, est née de la riche image du glissement d’un Christ triomphant vers celle d’un Christ souffrant (voir Le glissement n’efface rien). Le temps n’efface rien mais pose couche sur couche. Il enrichit sans cesse la compréhension du Christ qu’en ont les chrétiens. Ce travail est un acte de foi. Il constitue aussi un creusement du réel, une affirmation de soi et une recherche formelle.

exempla de Saint Louis

Le glissement n’efface rien

La série : les exempla de Saint Louis

Chacune des 9 photographies (93,3 par 70 cm) de cet ensemble est réalisée suivant le même processus : recherche historique et iconographique, esquisse de composition, impressions, préparation du support avec peinture et encadrement, collages, compositions manuelles, mise en place en studio et photographie. Elles constituent des exempla visuels.

L’iconographie est pour une large part issue d’ouvrages médiévaux. Ces derniers ont inspiré les compositions des tableaux : cadres, imprécision des traits, disposition des images.

Les objets utilisés sont simples, souvent récupérés ou achetés dans une boutique Emmaüs. Il faut voir dans cette approche une forme de simplicité franciscaine.

Le choix de la poupée qui incarne Louis tient au fait qu’elle soit dans mon environnement depuis très longtemps. Il renvoie aussi à l’échelle des supports. De plus, elle est blonde, comme le sont les francs. Son regard clair et presque espiègle, la taille de sa tête en regard de son corps, offrent des qualités de distanciation favorables à la perception double de l’œuvre : artistique et religieuse.

Et la poupée porte un masque comme au théâtre  (le visage de Saint Louis reste mal connu).

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exempla de Saint Louis

L’apparition, un miroir à plusieurs faces

Louis, un roi saint du moyen-âge

Saint Louis ou Louis IX est le souverain qui fait passer la France d’un état féodal à une état moderne. Dès lors, l’état repose alors autant sur les rapports du roi ,en tant que chef de l’état, avec tous ses sujets, que sur ses rapports personnels avec ses vassaux. Ainsi, ;es excès de la féodalité sont atténués au profit d’un bien commun et Louis institue une justice royale pour tous. Il organise l’exercice du pouvoir central sur l’ensemble du territoire au travers des fonctions de prévôts ou de bailli. Louis établit une monnaie unique et se fait l’instigateur des institutions qui deviendront le Parlement et la Cour des comptes.

Le roi est guidé par sa foi et par les enseignements des textes saints, des évangiles en particulier. Très pieu, il n’a qu’un seul modèle : Jésus-Christ. Il ne saurait prendre de décisions sans une réflexion sur la double cohérence entre les exigences du christianisme et celles de la conduite de l’état. Prière, humilité et charité guident ses actes et ses décisions.

Profondément humain, inscrit dans son temps, Louis n’a pas échappé à ce qui peut nous paraître aujourd’hui à l’opposé d’un horizon chrétien. Il nous faut cependant envisager son règne dans le contexte du 13ème siècle. Les croisades en Terre Sainte, l’expulsion des juifs du royaume par obéissance au Pape, ou la mise à mort de cathares qui refusaient de renier leur foi en sont des illustrations.

Un exempla proposé par Jacques Legoff

Jacques Legoff sans qui ce travail n’existerait pas, a rapporté cet exemplum qui met en scène Saint Louis*: « Le roi posa un jour au frère Bonaventure la question suivante : qu’est-ce que l’homme devrait préférer, s’il avait le choix, ou de ne pas exister, ou d’exister pour être condamné aux tourments éternels ? »… Après avoir écouté le franciscain, Louis conclut : « Je m’en tiens à la décision de mon frère Bonaventure et je vous atteste que j’aimerais mille fois mieux être réduit au néant que de vivre éternellement dans ce monde et même d’y jouir de la toute puissance royale, en offensant mon Créateur. »

L’imitation du Saint

L’imitation du Saint

*Jacques Legoff, Saint Louis

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