Les exempla de Saint Louis

Le 13ème siècle aime les histoires et il est avide d’apprendre. L’Église qui le sait, remet à ses prédicateurs des recueils d’anecdotes édifiantes appelées exempla. L’exemplum médiéval est une histoire courte et imagée qui vise à convaincre un auditoire par une leçon salutaire. Il constitue ainsi un artifice rhétorique, une courte fable destinée à faire passer une leçon parfois ambiguë. C’est dans cet esprit que j’ai travaillé les exempla de Saint Louis.

L’idée de cette série est née de la riche image du glissement de la représentation d’un Christ triomphant vers celle d’un Christ souffrant (voir Le glissement n’efface rien plus bas). Le temps n’efface rien mais pose couche sur couche. Il enrichit sans cesse la compréhension du Christ qu’en ont les chrétiens. Ce travail est aussi un acte de foi. Il constitue aussi un creusement du réel. Il aura été une affirmation de soi comme une recherche formelle.

Chacune des 9 photographies (93,3 par 70 cm) qui font les exempla de Saint Louis, est réalisée suivant le même processus : recherche historique et iconographique puis esquisse de composition. Après impressions, préparation du support avec peinture et encadrement, compositions manuelles et collages, puis mise en place en studio et photographie.

Ces photographies constituent ainsi des exempla visuels.

Présentation détaillée des exempla de Saint Louis

Un clerc savant prêchait devant le roi… « Au moment de la passion les apôtres abandonnèrent le Christ et la foi s’éteignit dans leur cœur… » Un clerc d’un rang plus éminent se leva et dit : « Je vous engage, à n’affirmer que ce qui est écrit… les apôtres ont abandonné Jésus-Christ de corps mais non de cœur. » Le malheureux prédicateur allait être obligé de se rétracter en pleine chaire quand le roi, se leva et intervint. « La proposition n’est point fausse, et on la retrouve chez les Pères. Apportez-moi le livre de Saint-Augustin. » A la confusion de l’interrupteur, le roi montra cette phrase : « Et ils s’enfuirent, l’abandonnant de cœur et de corps. »

L’exemplum, un arrière des mots